La baisse des dépenses de l’état français n’est qu’une illusion.
C’est ce que nous dit une étude de l’IFRAP, reprise
par Les Echos. Bien sûr il n’y a là
rien de neuf sous le soleil et les lecteurs de Contrepoints par exemple
auront déjà vu quelques articles relatant ce fait (ici,
là
ou là
par exemple). Néanmoins, il faut tout de même se féliciter qu’un média mainstream comme Les Echos l’évoque, et l’étude apporte également quelques éléments
nouveaux.
Même si le titre des Echos n’évoque qu’un débat (« Budget 2013 : la réalité des
économies est contestée »), le contenu de l’article laisse peu de doute
sur le fait que l’annonce de la baisse des dépenses n’était que de la poudre
aux yeux.
L’étude de l’IFRAP dénonce deux artifices. Le
premier consiste à présenter une
non-augmentation comme une diminution. C’est-à-dire que si vous aviez prévu
d’augmenter vos dépenses de 100 € à 103 € et que vous ne dépensez finalement
« que » 102 €, et bien vous présenterez alors cela comme une
réduction des dépenses de 1 €. L’article rappelle donc d’abord que les dépenses
ont bel et bien augmenté :
« Dans
les documents budgétaires, les dépenses continuent en effet d'augmenter d'une
année sur l'autre, mais moins vite que prévu : le budget passe de 369 à 370
milliards en 2013. »
Le tout en précisant que ce type de
présentation n’est pas une pratique commune :
« Cette
présentation des économies, utilisée par plusieurs gouvernements français ces
dernières années, n'est en revanche pas celle d'autres pays. L'Allemagne
affiche ainsi un objectif de réduction des dépenses de 10 milliards, en valeur,
dans son budget fédéral 2013, qui se reflète dans la baisse de ce dernier, de
312 à 302 milliards d'euros. »
Autrement dit, quand l’Allemagne annonce une
baisse des dépenses…il s’agit réellement d’une baisse des dépenses, et pas
d’une non-augmentation.
Notons d’ailleurs que l’augmentation annoncée
est en fait bien supérieure à un milliard d’euros puisque dans un autre
article nous apprenions que les dotations au Mécanisme européen de
stabilité et à la Banque européenne d’investissement n’avaient pas été inclues
dans les dépenses de l’Etat. Ces dernières s’élèvent donc finalement à 374,5
milliards d’euros en 2013, soit 5,9
milliards d’euros de plus qu’en 2012.
Le second artifice consiste à gonfler l’augmentation prévisionnelle des
dépenses. Dans l’exemple précédent, vous gonflez par exemple votre
prévision de 103 € à 105 €. La réduction de dépense devient alors de 3 € et
vous paraissez avoir fait un effort notable, alors qu’il n’en est rien.
Et c’est exactement ce qu’a fait le
gouvernement : il sciemment surestimé la hausse des dépenses tendancielles
à 10 milliards d’euros. L’IFRAP a de son côté une estimation beaucoup plus
basse avec 5,77 milliards d’euros :
Mais Bercy et l’IFRAP ne sont pas les seuls à
avoir réalisé les calculs :
« La
Cour des comptes l'avait, pour sa part, évaluée à 6 milliards d'euros en
juillet dernier, tandis que le rapporteur général (PS) de la commission des
Finances, Christian Eckert, l'estime à 8 milliards dans son rapport sur la loi
de programmation. »
L’estimation de la
Cour des comptes est donc très proche de celle de l’IFRAP alors que celle du
rapporteur général, pourtant socialiste, est à mi-chemin et reste inférieure de deux milliards d'euros à celle de Bercy.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire