lundi 3 décembre 2012

L’illusion de la baisse des dépenses commence à se dissiper



La baisse des dépenses de l’état français n’est qu’une illusion. C’est ce que nous dit une étude de l’IFRAP, reprise par Les Echos. Bien sûr il n’y a là rien de neuf sous le soleil et les lecteurs de Contrepoints par exemple auront déjà vu quelques articles relatant ce fait (ici, ou par exemple). Néanmoins, il faut tout de même se féliciter qu’un média mainstream comme Les Echos l’évoque, et l’étude apporte également quelques éléments nouveaux.
Même si le titre des Echos n’évoque qu’un débat (« Budget 2013 : la réalité des économies est contestée »), le contenu de l’article laisse peu de doute sur le fait que l’annonce de la baisse des dépenses n’était que de la poudre aux yeux.
L’étude de l’IFRAP dénonce deux artifices. Le premier consiste à présenter une non-augmentation comme une diminution. C’est-à-dire que si vous aviez prévu d’augmenter vos dépenses de 100 € à 103 € et que vous ne dépensez finalement « que » 102 €, et bien vous présenterez alors cela comme une réduction des dépenses de 1 €. L’article rappelle donc d’abord que les dépenses ont bel et bien augmenté :
« Dans les documents budgétaires, les dépenses continuent en effet d'augmenter d'une année sur l'autre, mais moins vite que prévu : le budget passe de 369 à 370 milliards en 2013. »
Le tout en précisant que ce type de présentation n’est pas une pratique commune :
« Cette présentation des économies, utilisée par plusieurs gouvernements français ces dernières années, n'est en revanche pas celle d'autres pays. L'Allemagne affiche ainsi un objectif de réduction des dépenses de 10 milliards, en valeur, dans son budget fédéral 2013, qui se reflète dans la baisse de ce dernier, de 312 à 302 milliards d'euros. »
Autrement dit, quand l’Allemagne annonce une baisse des dépenses…il s’agit réellement d’une baisse des dépenses, et pas d’une non-augmentation.
Notons d’ailleurs que l’augmentation annoncée est en fait bien supérieure à un milliard d’euros puisque dans un autre article nous apprenions que les dotations au Mécanisme européen de stabilité et à la Banque européenne d’investissement n’avaient pas été inclues dans les dépenses de l’Etat. Ces dernières s’élèvent donc finalement à 374,5 milliards d’euros en 2013, soit 5,9 milliards d’euros de plus qu’en 2012.
Le second artifice consiste à gonfler l’augmentation prévisionnelle des dépenses. Dans l’exemple précédent, vous gonflez par exemple votre prévision de 103 € à 105 €. La réduction de dépense devient alors de 3 € et vous paraissez avoir fait un effort notable, alors qu’il n’en est rien.
Et c’est exactement ce qu’a fait le gouvernement : il sciemment surestimé la hausse des dépenses tendancielles à 10 milliards d’euros. L’IFRAP a de son côté une estimation beaucoup plus basse avec 5,77 milliards d’euros :
Mais Bercy et l’IFRAP ne sont pas les seuls à avoir réalisé les calculs :
« La Cour des comptes l'avait, pour sa part, évaluée à 6 milliards d'euros en juillet dernier, tandis que le rapporteur général (PS) de la commission des Finances, Christian Eckert, l'estime à 8 milliards dans son rapport sur la loi de programmation. »
L’estimation de la Cour des comptes est donc très proche de celle de l’IFRAP alors que celle du rapporteur général, pourtant socialiste, est à mi-chemin et reste inférieure de deux milliards d'euros à celle de Bercy.

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