L’évolution du
nombre de chômeurs français est annoncée chaque fin de mois. Ainsi, une
baisse de 20 500 des demandeurs d’emploi de catégorie A a été annoncée à
la fin du mois de novembre dernier pour le mois d’octobre. L’Élysée n’a pas
manqué de se réjouir
de cette baisse en estimant qu’« un premier résultat est acquis »
et que « les chiffres publiés confirment que la bataille pour l’emploi
peut être gagnée ».
Quelques jours
plus tard, c’était au tour de l’INSEE de publier
ses chiffres du chômage (trimestriels cette fois) et d’annoncer une hausse de
0,1 point entre le 2ème et le 3ème trimestre 2013 du
taux de chômage BIT en France métropolitaine, qui atteint désormais 10,5%.
Quelqu’un est au chômage au sens
du Bureau international du travail (BIT) s’il est en âge de travailler (15
ans ou plus) et s’il répond simultanément à trois conditions :
- être sans emploi, c'est à dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu'une heure, durant une semaine de référence ;
- être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;
- avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.
Ces chiffres étant
moins réjouissants, ils ont bien évidemment suscité moins de réactions de la
part des membres du gouvernement ou du Président. En effet, le niveau de
10,5% du taux de chômage correspond à un niveau qui n’avait plus été observé
depuis 1997. Si l’on inclut les DOM-TOM, le taux atteint même 10,9% :
Depuis 1975,
le niveau maximal de chômage constaté pour la France métropolitaine a été de
10,8%. Il fut observé à deux périodes : une première fois au 2ème
trimestre 1994, une seconde pendant les deux premiers trimestres de 1997.
De son côté,
la DARES dresse en fait un portrait beaucoup plus précis de l’univers des
demandeurs d’emploi, qu’elle classe en 5 catégories, indexées de A à E. Les
trois premières catégories sont tenues de rechercher un emploi, pas les deux
dernières :
Source :
DARES
Si l’on prend
en compte toutes ces catégories (et pas seulement la catégorie A), non
seulement le nombre de chômeurs est bien plus élevé, mais la dynamique n’est
plus du tout la même que celle décrite lors de la publication des derniers
chiffres. En effet, d’une baisse de 20 500 on passe à une hausse de
55 900. De quoi tempérer sérieusement l’optimisme présidentiel. On
arrive ainsi à un total de 5 528 900 chômeurs en France métropolitaine,
ce qui correspond à une hausse de 343 000 sur un an, soit +6,6%.
Autre élément
qui permet de limiter la portée de la ‘baisse’ du chômage : cette
dernière tient davantage au dépliement des contrats aidés (notamment pour les
jeunes) que du secteur marchand. En effet, le nombre de salariés du secteur
marchand s’est pour sa part contracté
de 15 600 sur le 3ème trimestre 2013 et de 132 500 sur
un an.
La baisse du
chômage annoncée est donc largement artificielle, due notamment aux contrats
aidés. De plus, le nombre absolu est également sous-estimé en ne
comptabilisant pas certaines catégories de chômeurs ni l’outre-mer. Le nombre
de demandeurs d’emploi réel approche en fait les 6 millions, ce qui
représente un cinquième de la population active.
[1] Les
données de la DARES sont corrigées des variations saisonnières et des jours
ouvrables (CVS-CJO).
[2] p.15 du rapport
mensuel de la DARES : ‘Demandeurs d'emploi inscrits et offres collectées
par Pôle Emploi en octobre 2013
Publié initialement sur 24hGold
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire