La réforme des retraites de 2010 sera définitivement celle des occasions manquées.
Deux mesures fondamentales de première nécessité auront été écartées d’emblée. La première consistait en une convergence de l’ensemble des nombreux systèmes actuels (plusieurs dizaines) en un unique régime unique par points. Plus grave, ce processus n’aura pas même été engagé, ni programmé. La deuxième concernait l’introduction de l’épargne retraite individuelle, seule respectueuse de la liberté individuelle et de la propriété privée.
La France va donc continuer à s’enfoncer dans un système aussi injuste qu’inefficace. Injuste tout d’abord car elle nous refuse la liberté de choisir notre âge de départ à la retraite. Elle est ensuite gravement attentatoire à la propriété privée puisqu’elle transfère pendant plusieurs décennies le fruit de notre travail à des institutions étatiques. Pour celui qui a travaillé dur toute sa vie et qui décède avant ou au début de sa retraite, la spoliation est énorme. S’il est célibataire, cet argent n’ira pas à sa famille. S’il a des enfants, ceux-ci n’auront rien non plus. La retraite par répartition est présentée sous l’angle injustifié de la solidarité alors qu’elle casse le lien entre l’effort et la rémunération.
Le système de retraite français se révèle également inefficace. Il est ainsi structurellement déficitaire et va coûter au budget de l’Etat 32 Md€ rien qu’en 2010. Et les projections du Conseil d’Orientation des Retraites font apparaître une dégradation continue de ce déficit, même en utilisant des hypothèses économiques fantaisistes. Les projections réalisées utilisent en effet un taux de chômage de 4,5% comme hypothèse favorable et de 7% comme hypothèse défavorable, alors qu’un tel niveau n’a pas été observé depuis près de 30 ans. Mais que pouvait-on attendre d’autre quand ceux qui ont mis en place le système, qui le gèrent et qui l’évaluent sont les mêmes personnes ? Ces derniers, politiques et syndicat, n’ont pour seul objectif que de garder leur pouvoir, quitte à nous amener à la catastrophe. Ce moment arrivé, il suffira d’invoquer les habituels bouc-émissaires (marchés financiers, spéculateurs…).
Les français sont donc, à cause de la répartition, condamnés à cotiser plus, plus longtemps, pour toucher moins. Bel acquis social… Dire que ce système va subir une dégradation progressive serait encore faire preuve d’un bel optimisme, puisqu’on ne peut exclure le scénario d’un effondrement net du système. En effet, la retraite par répartition n’est en réalité qu’une gigantesque arnaque pyramidale de type Ponzi (l’escroc américain Bernard Madoff en est le dernier avatar connu) dont, rappelons-le, le principe est tout simplement de rémunérer les personnes sortant du système avec l’argent des nouveaux entrants. Ce type de combine peut survivre tant que le flux des nouveaux entrants est suffisant et que ces derniers ont la certitude de recevoir quelque chose à leur sortie. Mais quand les jeunes générations se rendront compte qu’elles cotisent à fond perdu, qu’adviendra-t-il ? La réponse est simple : ils refuseront d’intégrer le système et les retraités se retrouveront sans personne pour payer leurs pensions !
Pas de panique toutefois, la perspective d’un effondrement du système n’est pas prévue dans un avenir proche mais au-delà de la décennie. Bien après l’horizon du politique donc, qui ne dépasse pas la prochaine élection. Et nos décideurs d’aujourd’hui ne seront plus là pour rendre des comptes. Il n’est que temps de se rendre compte que les gens connaissent et savent défendre leurs intérêts mieux que l’État, et que ceux qui prétendent défendre les intérêts des travailleurs ne leur portent que préjudice.
L’unique issue consiste à revenir à une liberté de choix. Pour redonner confiance dans l’avenir, la réforme doit être durable et passe nécessairement par la capitalisation, seul régime offrant l’assurance de toucher un montant minimum de retraite future. La montée en charge de l’épargne-retraite, gérée de manière personnelle et non par des bureaucrates devra être progressive et libérée des incertitudes fiscales. Contrairement aux idées reçues, la retraite par capitalisation est robuste face aux crises financières et n’est pas réservée aux plus aisés. Le Chili, qui a adopté ce système depuis trente ans, et où la dernière crise financière a déjà été absorbée, en est la démonstration. Devant son efficacité économique et sociale remarquable, les socialistes, quand ils étaient arrivés au pouvoir, ne l’ont pas remis en question et l’ont même approfondi. Rappelons une autre évidence : capitalisation n’est pas synonyme d’actions. Les épargnants auraient naturellement le libre choix de leur investissement suivant leur appétence au risque. Ceux réticents aux actions pourraient ainsi investir ailleurs, comme par exemple dans des produits monétaires sans risque ou dans l’immobilier (achat d’une résidence principale). Prenons l’exemple d’un couple de smicards. Celui-ci est souvent écarté de l’accession immobilière du fait d’une capacité de remboursement insuffisante. Et pourtant en étudiant leurs feuilles de paie, ils se rendront compte qu’ils versent à eux deux 730 € de cotisation retraite (salariales + patronales). C’est autant que la retraite par répartition a retiré a leur capacité d’emprunt. Loin de protéger les plus faibles, elle leur a fermé la porte de l’accession à la propriété. Seul un prisme idéologique empêche de reconnaître que la retraite par capitalisation est financièrement et éthiquement supérieure à la retraite par répartition.
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